AGCC

Alliance globale contre le changement climatique (AGCC) au Mali

Au Mali, les effets du changement climatique se font de plus en plus sentir: on observe une augmentation des températures, une diminution des précipitations (si l’on examine les tendances au cours des trois dernières décennies) et une progression de la désertification. On observe également un accroissement des  événements climatiques extrêmes, tels les sécheresses et les inondations. La variabilité du climat et le changement climatique aggravent les pressions anthropiques sur les terres, l’eau et les autres ressources naturelles. Ces pressions combinées entraînent une dégradation des ressources naturelles. Une telle situation est critique pour ce pays dont une grande partie de la population travaille dans le secteur rural, et dont les moyens de subsistance dépendent en grande partie des ressources naturelles.

Au cours des dernières années, la prise de conscience du changement climatique et de la menace qu’il représente pour la réalisation des objectifs de développement et de réduction de la pauvreté s’est accrue au Mali. Le moment est venu pour le pays de passer de l’étape de la sensibilisation et des déclarations politiques à la conception et la mise en œuvre effective d’une réponse cohérente aux défis climatiques.

«Les enjeux des  changements climatiques au Mali constituent une menace potentiellement importante pour le développement socio-économique, culturel et la réduction de la pauvreté. Ils demandent des réponses globales soutenues par des politiques nationales et par l’accompagnement de changements de comportement individuels et collectifs.»
M. David SAGARA, Ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, dans un discours prononcé lors de la cérémonie d’ouverture de la 1ère session du Comité National de Pilotage du projet, le 19 novembre 2012 (source: http://www.maliplus.com)

Élaborer et mettre en œuvre des politiques et stratégies relatives au changement climatique

Objectif général:

Appuyer le Mali dans ses efforts de développement d’un environnement durable.

Objectif spécifique:

Contribuer à l’amélioration et à la mise en œuvre effective de politiques et stratégies relatives au changement climatique.

Principaux résultats attendus et activités

Le contexte technique et institutionnel permet l’appropriation de la thématique « changement climatique » par les tutelles techniques et politiques. Les instances impliquées dans la gestion de cette thématique disposent de supports de décision adéquats.

Les activités relatives à cette composante comprennent le renforcement des capacités du Ministère de l’environnement et de l’assainissement en vue d’appuyer l’élaboration d’une politique nationale concernant le changement climatique ; le développement d’une «feuille de route» pour le Plan d’action national sur le changement climatique ; ainsi que l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan de communication. À l’avenir, un soutien sera aussi apporté à l’intégration du changement climatique dans la politique nationale de l’environnement et les plans de développement régionaux.

Le patrimoine ligneux des régions du Mali et son potentiel de séquestration du carbone sont connus.

Il est prévu de capitaliser les données provenant des inventaires forestiers déjà réalisés ; d’entreprendre de nouveaux inventaires forestiers dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou ; et de réaliser des études sur le potentiel de séquestration de carbone de diverses espèces forestières.

La cellule SIFOR (système d’information forestier) est en mesure de fournir des informations fiables sur l’évolution du patrimoine ligneux.

Ceci nécessite notamment de finaliser la «feuille de route» de la cellule SIFOR ; de former son personnel régional ; et de mettre sur pied un cadre de consultation pour le sous-secteur forestier aux niveaux central et décentralisé. L’amélioration de la connaissance et du suivi des peuplements forestiers devrait contribuer à une gestion plus durable des forêts, et préparer le pays à participer à l’initiative REDD+ ou à d’autres possibilités de financement liées à la séquestration de carbone dans les forêts.

Le couvert forestier est amélioré grâce à des activités de boisement et de reboisement, avec l’aide et la participation des bénéficiaires.

L’AGCC-Mali favorise l’accroissement du patrimoine forestier par la mise en oeuvre d’actions de proximité en matière de végétalisation des terroirs. Des projets de boisement et de reboisement, sélectionnés sur la base d’un appel à propositions, sont mis en œuvre par des organisations non-gouvernementales (ONG) en partenariat avec les autorités locales. Ces actions ont été sélectionnées sur base de leur impact positif sur le bien-être économique ou social des populations. La formalisation des chaînes d’approvisionnement en bois-énergie et l’adoption de foyers économes en combustible sont également encouragées.

Principales réalisations à ce jour

Composante d’appui institutionnel

  • L’Agence de l’environnement et du développement durable (AEDD) a été officiellement désignée en tant qu’organisme chargé de la coordination de la réponse nationale au changement climatique.
  • Un soutien a été apporté à l’établissement du Comité national sur le changement climatique, créé en mars 2011, et à la préparation d’un Plan d’action national de lutte contre le changement climatique.
  • Les documents de politique et de stratégie nationale en matière de changement climatique ont été validés sur le plan technique au cours de l’été 2011. Le document de politique nationale sur le changement climatique (PNCC) a été imprimé en vue de sa diffusion auprès des structures impliquées dans la gestion du changement climatique.
  • Des éléments de  politique et de stratégie relatifs au changement climatique ont été intégrés dans le Cadre stratégique pour la croissance et la réduction de la pauvreté (CSCRP 2012-2017).
  • Une assistance technique est à la disposition l’AEDD pour appuyer la mise en œuvre de la PNCC et la prise en compte de la problématique «changement climatique» dans les processus de planification sectorielle.
  • Un appui est apporté au gouvernement malien pour la préparation et la participation aux Conférences des Parties à la CCNUCC.
  • Un «Fonds Climat Mali» a été constitué; il a lancé son premier appel à propositions en mars 2014.
  • Une bande dessinée sur le changement climatique a été conçue à l’intention des établissements scolaires. D’autres actions de sensibilisation au changement climatique ont été menées dans le cadre des quinzaines annuelles de l’environnement, chaque année de 2011 à 2014, notamment au travers de conférences sur les problématiques liées au changement climatique.

Composante relative aux inventaires forestiers

  • Les données provenant d’inventaires forestiers réalisés dans le cadre d’un programme antérieur ont été capitalisées, et un répertoire des espèces forestières des régions de Mopti, Tombouctou et Gao a été publié.
  • De nouveaux inventaires forestiers ont été réalisés pour les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou.
  • Une méthodologie pour les inventaires forestiers communaux a été élaborée.
  • La situation des foyers de feux de brousse est disponible en ligne sur le site internet du SIFOR et fait l’objet d’une mise à jour hebdomadaire.

Composante relative au renforcement des capacités de la cellule SIFOR

  • La charte de formation du SIFOR a été validée en mars 2012. Plus de vingt agents de la Direction nationale des Eaux et forêts (DNEF) ont été initiés à l’utilisation des systèmes d’information géographiques (SIG), à l’utilisation du GPS pour le géo-référencement et à l’utilisation de stations d’encodage et de balisage automatique de données (tablettes avec GPS intégré).
  • Le site internet du SIFOR a été développé: http://sifor-mali.net/, et la feuille de route de la cellule SIFOR a été élaborée.
  • Le SIFOR a été rendu opérationnel notamment suite à un appui du Centre de Suivi Ecologique, basé au Sénégal.
  • Les agents de la Direction nationale des Eaux et Forêts (DNEF) ont été formés à la méthodologie des inventaires forestiers.

Composante relative au reboisement

  • L’AEDD a imprimé un Guide d’élaboration des conventions locales de gestion des ressources naturelles, en vue de sa diffusion auprès des collectivités territoriales.
  • À la suite d’un appel à propositions, des contrats de subvention ont été signés pour la mise en œuvre de 6 projets de reverdissement du terroir dans les régions de Kayes, Ségou et Mopti:
    • Projet d’appui à la foresterie communautaire dans le cercle de Djenne pour l’adaptation au changement climatique (PAFAC), un projet mis en œuvre par l’ONG AVDR.
    • Appui à l’amélioration de la couverture forestière dans les cercles de Bafoulabé et Kénieba, un projet mis en œuvre par l’ONG PACINDHA.
    • Projet communautaire de reconstitution du patrimoine végétal et de séquestration du carbone le long du fleuve Niger dans la Région de Ségou. Ce projet est mis en œuvre par l’ONG APROFEM.
    • « Reverdir Mopti », un projet de l’ONG SAHEL ECO.
    • Le Développement de la filière gomme arabique dans la région de Kayes est mis en œuvre par l’ONG AVSF.
    • Promotion des initiatives locales de protection des ressources naturelles (PILPRN), mis en œuvre par l’ONG GAAS MALI.
  • Les ONG en charge de leur mise en œuvre se sont mises d’accord sur le choix d’une méthode de suivi et d’évaluation, et des missions sont en cours pour établir la situation de référence des sites de reboisement. Au 31 Décembre 2013, 1 200 Ha ont été plantés sur les 3 507 Ha prévus, et 6 114 Ha ont été protégés et régénérés sur les 9 250 Ha planifiés.
  • Les données liées aux activités de reforestations sont par ailleurs insérées dans le SIFOR.
Enseignements tirés
  • L’existence d’un contexte institutionnel favorable est extrêmement importante pour mener à bien un tel projet. Au Mali, le gouvernement s’intéressait à la problématique du changement climatique en raison de son impact important sur l’agriculture, mais il n’y avait pas de réelle politique nationale sur la question. Les premières actions entreprises ont donc consisté à appuyer les activités du point focal changement climatique, la mise sur pied de divers comités et l’élaboration d’une politique et d’une stratégie nationales.
  • L’Agence de l’Environnement et du Développement Durable (AEDD), agence créée en 2010, est appelée à jouer un rôle central dans la coordination des actions relatives au changement climatique. Dans ce cadre, l’AEDD reçoit des appuis de différents bailleurs de fonds pour renforcer ses capacités et son leadership dans le domaine du changement climatique. Une coordination efficace au sein des partenaires techniques et financiers est donc essentielle. Au Mali, elle se fait dans le cadre du groupe technique Environnement et Changement Climatique.
  • L’utilisation d’un système d’information forestier national nécessite, au-delà de sa conception et de sa mise en place, un suivi technique adéquat et continu. Le manque d’entretien et le manque de personnel qualifié au sein de la cellule de gestion du SIFOR et plus généralement au Mali ont jusqu’ici empêché ce système d’information de remplir pleinement son rôle. Des actions sont en cours pour répondre à ces difficultés, y compris la mise à disposition d’une expertise technique extérieure pour former et appuyer le personnel chargé de la gestion du SIFOR.
  • L’utilisation d’ONG locales pour les actions de reverdissement du terroir présente l’avantage de favoriser l’appropriation sur le terrain. Afin d’améliorer complémentarité entre les différents acteurs, l’AGCC est en train de monter des cadres de concertation régionaux qui favoriseront le partage de l’information entre les différents acteurs travaillant dans le domaine forestier.
Actions à venir

Composante de renforcement des capacités institutionnelles générales

  • L’AEDD disposera d’un appui spécifique dans la première année de mise en œuvre du fonds climat.
  • Les cadres impliqués dans la réponse au changement climatique vont recevoir une formation relative au Mécanisme de développement propre, au marché volontaire du carbone, à l’initiative REDD+, etc. Par ailleurs, le projet doit soutenir la participation d’une délégation du Mali à la 20ème Conférence des Parties à la CCNUCC, en décembre 2014 à Lima.
  • Un voyage d’étude sera organisé au Burkina Faso pour permettre au gouvernement malien de s’inspirer de l’expérience du Centre pour la recherche forestière international (CIFOR- Centre for International Forestry Research) et du Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS).
  • Un documentaire de capitalisation des résultats de l’AMCC est en cours de réalisation.

Composante relative aux inventaires forestiers

  • Les résultats des inventaires forestiers effectués sous la supervision de la DNEF dans les régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso et Ségou et de la méthodologie de l’inventaire forestier communal doivent être validés à l’occasion d’un inventaire national.
  • La méthodologie d’inventaire des forêts municipales doit également être validée.

Composante relative au renforcement des capacités de la cellule SIFOR

  • Sur la base des recommandations issues de l’évaluation à mi-parcours du projet, un appui technique est apporté à la cellule SIFOR pour diagnostiquer et résoudre certains problèmes liés au SIG, et ainsi le rendre pleinement opérationnel. En 2014, il s’agira notamment d’un œuvreaccompagnement du SIFOR dans la collecte et le traitement des informations concernant les projets ONG et les résultats des campagnes de reboisement.
  • Pour assurer la viabilité du SIFOR sur le plan financier, les possibilités d’offre de services à d’autres entités vont faire l’objet d’une analyse approfondie.

Composante relative au reboisement

  • Un cadre de concertation du sous-secteur forestier et changement climatique doit être mis en place au niveau décentralisé.
  • Les capacités des cadres locaux de la Direction nationale des Eaux et Forêts seront renforcées pour un suivi rapproché des réalisations des ONG.
  • Les réalisations des ONG feront l’objet d’un suivi régulier.